23 mai 2024

Steinbeck à l'oreille

Traduction Maurice-Edgar Coindreau

Durant la Grande Dépression consécutive au krach boursier de 1929, le roman de John Steinbeck raconte les aventures de Lennie et George, pauvres travailleurs saisonniers à la recherche d'emploi dans les ranchs de Californie. Autant George est adroit et malin, autant le colosse Lennie est balourd et niais. Il voue une passion compulsive aux petits animaux à fourrure, souris, lapins, chiots. Les deux hommes se connaissent depuis l'enfance et malgré les ennuis que cause constamment son compagnon, George lui porte une affection fraternelle. Ils font les rêves émouvants, tant ils sont illusoires, d'une vraie vie avec une terre à eux. Leur rêve américain.

Alors qu'ils sont engagés dans un ranch, des maladresses et brutalités de Lennie provoquent des incidents : il fiche une raclée à Curley, fils du patron. En outre, la jeune femme aguichante de Curley sème le trouble parmi les hommes. Le drame couve et un malheur finit par se produire.

C'est une histoire poignante que beaucoup connaissent, je l'avais lue en 2003, n'en gardant aucun souvenir, si bien que cette version audio fut une découverte. Pour la trame, mais aussi pour la qualité de la version "Écoutez Lire" [extrait] : une distribution remarquable de lecteurs, des sons d'ambiance délicats et de brefs extraits musicaux clairsemés, qui donnent un cachet typique à l'écoute. 

Mon avis sur les audiolivres a évolué favorablement depuis mon compte rendu d'il y a dix ans sur les "Nouvelles Orientales" de Yourcenar [n'hésitez pas à me contacter si vous vouliez en discuter]

Le personnage infantile Lennie Small, d'une douceur incontrôlable avec les petits animaux et tout ce qui est velouteux au toucher, est incapable de mesurer sa force et n'a pas conscience de faire mal. On songe au Moosbrugger de Robert Musil ("L'homme sans qualités") : ce dernier hante le récit musilien, y compris dans le second tome inachevé, sur le thème de la responsabilité des malades mentaux. Le destin de Lennie Small de Steinbeck ne sera pas vraiment celui de Moosbrugger. 

"Des souris et des hommes" est une fable où le rêve est un luxe, où la violence est partout, aux personnages qui sont des archétypes d'une société californienne de l'époque, individualiste et inégalitaire, évoquée avec virulence. 

Il existe une nouvelle traduction récente par Agnès Desarthe (2022).


Source du titre :
"Les plans les mieux conçus des souris et des hommes
 souvent ne se réalisent pas". 
(d'un vers du poète écossais Robert Burns)

12 commentaires:

  1. J'ai eu la chance d'adhérer immédiatement aux livres audio, du coup j'ai maintenant une jolie collection qui peuple mes nuits lorsqu'elles sont un peu difficile, mais aussi me tiennent compagnie dans ma cuisine
    Un livre apparait légèrement différent en audio, on ne s'attache pas aux mêmes choses, mais le plaisir est intense quand la qualité est là

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    1. J'ai pris pour habitude d'audio-lire en faisant une (sorte de) sieste après déjeuner (dîner en Belgique) et le soir avant de m'endormir. La nuit en cas d'insomnie aussi, mais les événements difficiles ont trouvé un certain apaisement et je dors mieux la nuit aujourd'hui.
      La qualité doit être là, et il faut se méfier des sites de livres audio gratuits qui ne sont pas nécessaiment de bonne qualité : leurs lecteurs lisent/parlent mieux que je ne saurais le faire mais ce sont souvent des bénévoles.

      J'admire les lecteurs uniques qui, dans les dialogues, réussissent à passer d'une personnage à l'autre, de sexes différents quelquefois, sans qu'on en soit perturbé.

      C'est différent de la lecture pure et simple, mais quelle chance quand, certains jours, les yeux sont fatigués. Je pense néanmoins que tous les livres ne se prêtent pas à l'écoute.

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  2. Une histoire dramatique et poignante.
    A part l'écoute de pièces de théâtre jadis, je n'ai pas encore fait cette expérience d'écoute. Un jour peut-être. C'est sans doute aussi une excellente solution en cas de problème de vue, même si je connais quelqu'un de malvoyant qui n'y adhérait pas.

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    1. Je pense aussi que pour y adhérer, il faut au moins que les personnes qui disent le texte soient de bon niveau, de préférence des professionnels, gens de théâtre ou acteurs. C'est à cette condition que vient la seconde : faire au moins l'essai d'écoute. Pour voir, si j'ose dire.

      Un malvoyant peut avoir en outre la difficulté de manipuler correctement l'appareil requis.

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    2. Vous avez raison. Cette personne n'arrivait pas à s'y retrouver dans les touches, je m'en souviens.

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    3. Dans la résidence où je vis, il y a quelques persones plus âgées qui ont des difficultés de ce genre. Elles ne lisent plus du tout et j'essaie de leur proposer des solutions.
      Bonne fin de semaine, Tania.

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  3. Je ne me suis pas encore mise aux livres audio... Mais je pense que cela viendra, comme pour la lecture du journal en version numérique.
    Quant à ce roman de Steinbeck, il est tellement fort ! Merci de me signaler une nouvelle traduction. Sinon, je l'avais lu en roman graphique dont la version m'avait littéralement éblouie.

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    1. Ce roman est en effet très fort et laisse une trace marquante. (Même si 21 ans après la première lecture, je ne m'en souvenais pas.)
      La lecture du journal : je me contente de l'actualité du jour à travers journaux télévisés, radio, sites d'informations. Mais m'abonner à un journal numérique ne me tente pas. Je constate de plus que les journaux papier deviennent de plus en plus cher, si bien que je ne les achète que de temps en temps : La Libre, Le Monde. Par contre, je suis plus enclin aux hebdomadaires et mensuels papier : Courrier International, Le Monde Diplo, Philosophie Mag, ...
      Malgré mes nombreuses incursions dans le numérique et récemment dans l'audio, je reste très attaché aux bonnes vieilles versions imprimées sur papier. Je pense que les autres supports (nupmériques, sonores) sont des compléments qui viennent bien à point dans certaines circonstances.

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    2. Je partage votre avis : vive le papier. Et j'ai été confortée dans cette démarche en lisant "Lecteur, reste avec nous !" de Maryanne Wolf que Dominique m'a fait découvrir. La lecture en numérique est un complément. Toutefois, je me rends compte que je peux poursuivre ainsi mes lectures parce que je vis près de plusieurs immenses médiathèques, plusieurs excellentes librairies et de nombreux amis dont les bibliothèques regorgent de trésors. Bonne journée.

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    3. C'est un fait, l' "objet-livre" reste sacré pour beaucoup. Surtout dans les générations plus âgées. Merci pour ces précisions.

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  4. Voilà un livre que je relirais volontiers, ou que j'écouterais avec plaisir si vous dites que ce livre audio est de qualité.
    Grâce à Dominique, il y a quelques années de ça, j'étais fort malade et ce pendant longtemps, j'en ai écouté quelques uns, ce qui m'a énromément plu (quoique parfois je m'endormais....mais on peut revenir en arrière, ouf!).
    Je suis contente que vous l'ayez découvert et apprécié.

    Je lis souvent des romans en version numérique. D'abord parce qu'il est presque impossible de trouver des livres en français ici, puis on peut emporter la liseuse dans son sac, ou changer de livre si c'est pas le moment adéquat pour telle ou telle lecture, enfin, c'est léger et pour lire au lit, pour moi parfait!

    Je vous souhaite une bonne journée, sans trop de pluie!

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    1. Que dire de plus, et ne vous privez pas si vous avez l'occasion d'avoir ce Steinbeck dans cette version audio.
      C'était une journée sans trop de pluie, oui. Mais quel mai maussade en Belgique.

      À bientôt Colette.

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